10.02.2012
La middle-class blanche a foutu le camp. Les Wall-Mart désaffectés, les commissariats abandonnés. General Motors a sombré, Detroit aussi. La ville qui prends aujourd’hui les traits de Baltimore, la friche urbaine qui servit de décors à The Wire, a pourtant cette faculté de concentrer les talents.
Karriem Riggins, batteur de formation, est l’un d’eux. Producteur de Common, Slum Village, Talib Kweli et The Roots, ce grand ami de Jay Dee s’est lancé en solo chez Stones Throw. 34 titres instrumentaux divisés en deux volets : Alone / Together, en référence au standard de Arthur Schwartz « Alone Together, above the crowd ». Des compositions autour de la rythmique rap qui sonnent comme autant d’emprunts à la friche de Detroit ou à la scène de L.A. : « From Detroit » Interview.
Tu as composé ton dernier album à Los Angeles, qu’est ce qui t’a conduit dans cette ville?
En fait, j’ai conçu l’album dans beaucoup d’endroits différents. J’ai produit certains titres en Europe de l’Est, d’autres à LA et Detroit. La plupart des beats ont été conçus durant mes tournée en bus. Tourner et jouer en live, c’est là que je trouve mon inspiration.
« L’âme de la musique vit à Detroit. Cette ville m’inspirera à jamais. »
Tu décris Detroit comme un endroit dans lequel tu « peux respirer ».
Composer à Detroit est plus simple pour moi. Je peux sentir l’âme de la ville. Elle possède une grande aura artistique. Il y a aussi certains disquaires chez qui je peux me procurer des disques introuvables ailleurs.
Il y a deux ans, Yves Marchand & Romain Meffre, deux photographes français, ont pris des clichés de Detroit et publié un livre intitulé « The Ruins of Detroit ». Quels sont tes sentiments à propos de ce déclin?
Bien entendu, je vis mal le déclin de ma ville, mais je reste optimiste quant à un certain sursaut. Beaucoup de gens liés à l’industrie automobile ont quitté la ville mais la musique et l’esprit de la musique sont restés. L’âme de la musique y vit et cette ville m’inspirera à jamais.
Tu joues du Jazz et composes des Beats Hip-Hop. Tu travailles aussi pour Paul McCartney ou The Roots. C’est ainsi que tu conçois l’artiste ? Dans sa diversité ?
Jouer et produire différents styles de musique est à mon sens essentiel. Je pense qu’il est important de marcher en dehors des sentiers battus. J’écoute tout, de Karlheinz Stockhausen à J Dilla, jusqu’à Miles Davis et Gentle Giant. Tous sont importants pour moi. J’ai grandi en écoutant tant de choses… J’ai toujours su que je voulais apprendre à jouer de tout.
« Je suis un grand fan de Stones Throw et (…) Peanut Butter Wolf m’a aidé à concrétiser mes espoirs »
Après toutes ces collaborations, sortir cet album solo de Hip-Hop instrumental (Alone/Together sorti chez Stones Throw) était une nécessité ?
Je voulais sortir un album depuis longtemps. Je sentais que le moment était venu et le fait d’avoir à mes cotés un grand label a été une bénédiction. Je suis un grand fan de Stones Throw et de Peanut Butter Wolf. Il m’a aidé à concrétiser mes espoirs.
Finalement, le Hip-Hop, c’est un truc presque génétique chez toi ?
J’aimerais le penser ainsi. Ma mère a une oreille incroyable. Mon père est un joueur de piano et un musicien de Jazz qui a joué pour Grant Green pendant de nombreuses années. Etre ainsi entouré a été une grande influence pour moi, pour ma profession et mon amour de la musique.
GOD bless!!
English Version | Alone Together on Stones Throw | Moogy Fog It (Free download)